LES ALLERGIES AUX CONSERVATEURS, LA MIT : UN ALLERGENE A LA UNE? LE DERMATOLOGUE VOUS INFORME
La MIT, acronyme de son nom chimique complet la méthylisothiazolinone, n’a rien à voir avec la petite bête qui fait des trous dans les vêtements, mais elle fait des dégâts sur la peau en déclenchant des manifestations allergiques parfois sévères.
Elle fait depuis 5 ans de plus en plus parler d’elle. Elle a même eu les honneurs de Télé Matin.
Qu’est-ce que la MIT ?
La MIT est un agent conservateur qui appartient à la famille chimique des isothiazolinones qui ont toutes cette propriété.
Leurs utilisations sont multiples à la fois cosmétiques et industrielles.
Un peu d’histoire:
Dans les années 90 une petite « épidémie » d’eczémas à des crèmes de jour avait été rapportée à des allergies au mélange de MIT au 1/3 et de méthylchloroisothiazolinone aux 2/3, de nom commercial Kathon CG, et ceci avait fait restreindre l’utilisation de ce conservateur aux produits rincés, comme les savons liquides et shampooings, dont le temps de contact avec la peau est court.
La polémique engendrée par des campagnes largement diffusées par les médias sur le risque perturbateur endocrinien des parabènes, conservateurs efficaces largement utilisés dans les cosmétiques, a poussé les industriels à les supprimer de leurs produits.
Mais toute formulation de produit cosmétique commercialisé doit être protégée par un conservateur au risque de n’être rapidement plus utilisable.
C’est ainsi que la MIT est réapparue toute seule dans des produits qui ne sont pas rincés comme lingettes nettoyantes et crèmes diverses.
Mais les cosmétiques ne sont pas la seule utilisation de la MIT comme conservateur. On en trouve dans des produits ménagers (produits vaisselle, lessives, produits traitants du cuir…) toutes les peintures à l’eau, et dans les huiles industrielles…
Comment se manifeste l’allergie à la MIT ?
L’allergie à la MIT se manifeste par un eczéma qui est une réaction allergique inflammatoire associant rougeur, gonflement, parfois suintement et des démangeaisons intolérables.
Cet eczéma survient 24 à 48 heures après le contact avec l’allergène, ce qui rend parfois difficile de faire la relation avec celui-ci.
Les premiers cas d’allergie à la MIT ont été signalés chez des adultes ayant utilisé des lingettes nettoyantes pour bébé.
Il s’agissait d’un eczéma du visage ou des régions péri-anales, régions sur lesquelles ils avaient utilisé les lingettes. Depuis les observations d’eczéma dus à une allergie à la MIT se sont multipliées.
Toutes les localisations d’eczéma sont possibles. Elles dépendent du mode d’utilisation du produit responsable et donc du siège du contact avec celui-ci. L’eczéma des mains est fréquent et des cas d’eczéma sévère, généralisé, conduisant à l’hospitalisation ont été constatés.
D’une manière générale, l’eczéma a tendance à s’aggraver et se généraliser si le contact avec l’allergène n’est pas supprimé.
Des rechutes d’eczéma généralisé avec parfois des manifestations respiratoires ont été signalées aussi après contact par voie aérienne avec la MIT libérée par les murs fraîchement peints avec des peintures à l’eau.
Comment prouve-ton l’allergie à la MIT ?
Comme pour tout eczéma suspect d’être en relation avec un produit en contact avec la peau, l’aide d’un dermato-allergologue est indispensable.
Après avoir reconstitué l’histoire de l’eczéma, ses circonstances d’apparition, son mode évolutif, ses localisations, le spécialiste procède à des tests cutanés.
Ceux-ci, appelés patch-tests, consistent à déposer sur la peau, sous un matériel adhésif adapté, pendant 48 H, une toute petite quantité des allergènes potentiels.
Si le patient est allergique à l’un d’eux, il se produit à l’endroit du test un eczéma « en miniature », le test est alors dit positif.
Cette lecture des tests est suivie de conseils d’éviction de cet allergène pour éviter une récidive de l’eczéma.
Que faire quand on est devenu allergique à la MIT ?
Quand on est allergique à la MIT, tout contact avec un produit en contenant déclencher une rechute d’eczéma.
L’important est donc d’éviter le contact avec la MIT et ceci n’est pas toujours facile car les sources de contact sont multiples et très diverses.
Le dermato-allergologue, à l’issue des tests remet une liste du type de produits et/ou de travaux à éviter pour éviter le contact avec la MIT.
Pour les cosmétiques et nombre de produits ménagers la présence de MIT est indiquée en clair sur l’emballage des produits :
il suffit donc de prendre l’habitude de lire attentivement la liste des ingrédients sur les étiquettes, (malheureusement souvent écrite en caractères minuscules), et de repérer parmi eux la « methylisothizolinone ».
Pour les peintures et les produits industriels:
c’est plus difficile car rien n’est marqué sur l’emballage…
Toutes les peintures à l’eau cependant semblent en contenir et une fois posées peuvent continuer à libérer dans l’air de la MIT pendant 6 semaines.
Il est donc prudent, pour un sujet allergique à la MIT, d’en éviter l’utilisation à son domicile et/ou de respecter le délai avant de réintégrer une pièce fraîchement peinte avec ce type de peinture.
En milieu professionnel la composition des produits industriels peut être connue grâce aux fiches de sécurité des produits et l’aide du médecin du travail.
Un espoir ?
Avec la diffusion de l’information concernant les risques d’allergie à la MIT et la prise de conscience des professionnels de l’industrie cosmétique qui ont prévu de limiter son usage aux produits rincés, on peut espérer voir s’infléchir la courbe des cas d’allergie à la MIT qui est en hausse constante depuis 5 ans et la MIT disparaître de la une des allergènes.